L’ocytocine est parfois décrite comme une hormone de l’amour pour son rôle dans la création de liens entre les individus. Selon une expérience, une injection de cette hormone doublerait les chances de voir les gens tricher et mentir lorsque cela permet d’aider les autres membres d’un groupe.
Amour, mensonge, et hormones peptidiques. L’ocytocine se retrouve au sein d’un bien étrange trio selon une étude de l’université Ben-Gorion du Néguev en Israël. Cette « hormone de l’amour » pousserait en effet les individus à mentir plus souvent au profit de leur groupe. Des travaux publiés le 31 mars dans la revue Proceedings of the National Academy of Science.
L’expérience menée a demandé la présence de 60 volontaires mâles, qui ont reçu soit une dose d’ocytocine soit une dose de placebo. Ils ont ensuite été dispatchés en groupes de trois où ils devaient prédire une séquence de dix pile-ou-face d’affilée. Comme c’était à eux d’indiquer s’ils s’étaient trompés ou non, il leur était possible de mentir et de faire gagner plus d’argent aux membres de leur groupe.
Deux fois plus de mensonges
Statistiquement, il n’y a qu’une chance sur cent de prédire avec exactitude dix pile-ou-face d’affilée. 53% des hommes qui ont reçu de l’ocytocine ont pourtant affirmé avoir fait un sans-faute, contre 23% de ceux qui ont reçu le placebo. Si près d’une personne sur quatre est naturellement prête à mentir, cette part double en cas d’injection nasale de la fameuse hormone.
« Nos résultats indiquent que les gens veulent bien contourner des règles éthiques afin d’aider ceux qui leur sont proches, comme leur équipe ou leur famille », décrit Shaul Shalvi du département de psychologie de l’université Ben-Gorion du Néguev. Ceci suggère que le mensonge collectif ne serait pas uniquement social mais aurait aussi une origine biologique.
« Pour protéger et alimenter le bien-être des autres, les êtres humains ont tendance à déformer la vérité », indiquent les auteurs. Et certains facteurs biologiques comme l’ocytocine, une molécule impliquée dans les liens sociaux, pourrait favoriser ce mensonge. « Cela lève une question intéressante, bien qu’elle touche peut-être davantage à la philosophie : tous les mensonges sont-ils immoraux ? », ajoute le chercheur. Une malhonnêteté modulable « Ces découvertes s’insèrent dans une perspective fonctionnelle qui montre que la malhonnêteté est modulable et issue de circuits neurobiologiques évolués », poursuit-t-il. Cela s’accorde selon lui, avec des travaux qui montrent que « l’ocytocine déplace l’attention d’un preneur de décision de lui-même à un groupe ». « Ces résultats soulignent également le rôle des liens et de la coopération dans le façonnement de la malhonnêteté, ce qui nous renseigne sur quand et pourquoi une collaboration se transforme en corruption ».
source : maxisciences.com