Rita Sawadogo, la retraitée toujours dans l’action

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Professeur en communication administrative à la retraite, Rita Sawadogo est loin de chômer. Sous sa casquette de directrice du cabinet Excel Consulting, et son foulard de femme battante, elle a lancé le mouvement «le 8 mars autrement» qui vise tout d’abord à sensibiliser les femmes sur les véritables objectifs de cette journées dont la commémoration doit servir à la défense et à la promotion de leurs droits. Initiative louable, vu que cette commémoration a subi, ces dernières décennies, une «dénaturation» totale.

Retraitée et mère d’enfants qui volent tous de leurs propres ailes, maman Rita comme on l’appelle affectueusement, commence toujours ses journées par la messe du matin. «Pour rendre grâce et aussi confier ma journée et celle de mes proches au Seigneur», révèle-t-elle. Celle dont le physique bien solide et bien entretenu ne renvoie pas du tout à l’image d’une retraitée, revient s’occuper de sa maison, avec l’aide de sa fille de ménage.

Une retraitée bien active

Ce n’est qu’après s’être assurée que le rangement est parfait, et que chaque coin et recoin de la cour est bien astiqué que la retraitée très active vaque à ses nouvelles activités professionnelles. Dans le social, qui lui procure une satisfaction énorme, la marraine de plusieurs associations apporte son expérience et ses conseils aux jeunes.

Bien qu’ayant travaillé et occupé des postes de responsabilité dans une autre vie, Dame Sawadogo, n’entend pas s’abandonner au farniente. Elle continue de se bouger. C’est dans la même veine qu’elle n’a de cesse d’encourager ses jeunes consoeurs à ne pas avoir peur de prendre des responsabilités. «Elles doivent s’organiser, planifier leur vie, se fixer des priorités et selon les urgences. Car c’est un devoir citoyen pour la femme de s’impliquer à tous les niveaux de la vie de la société. Elles doivent juste avoir confiance en elles-mêmes. Avoir des mentors et des personnes ressources pour les guider, au lieu de rester dans le doute et toujours recommencer les mêmes choses sans résultats. La routine engendre la médiocrité. Mais je suis déjà heureuse de voir que de plus en plus de jeunes filles et les femmes sont assez offensives». Foi d’une étoile polaire pour la jeunesse.

Vie de famille épanouie et responsabilités professionnelles

Preuve vivante parmi tant d’autres que c’est possible d’allier vie de famille épanouie et responsabilités socio-professionnelles, elle reconnaît que ce ne fut pas chose aisée, surtout quand les enfants étaient en bas âge. «Mais c’est un passage obligé pour toute femme qui aspire au leadership et veille en même temps sur le bien-être familial», affirme-t-elle, notant qu’une bonne communication avec le conjoint permettra à chacun de s’épanouir dans le couple.

«Pendant que j’étais enseignante et que mes enfants étaient très petits, jl fallait que j’attende de les mettre au lit avant de pouvoir corriger mes copies et préparer mes cours», se souvient-elle, se rappelant aussi qu’elle devait d’abord, le soir, les encadrer elle-même, au lieu de confier cette tâche juste à des répétiteurs. «Et je voulais aussi qu’ils sachent que je suis là pour eux et qu’ils peuvent compter sur moi, car c’est important pour un enfant de sentir que ses parents lui accordent du temps», précise Mme Sawadogo. Pourtant, certains parents ne consacrent que juste un peu de temps au petit dernier en laissant les plus grands se débrouiller seuls. «Cela peut s’avérer dangereux», fait remarquer Rita Sawadogo, selon qui c’est également important de savoir accorder du temps à son époux. «C’était épuisant parfois, mais comme j’étais organisée je m’en suis sortie», note-t-elle. «La mère de famille est une femme orchestre, elle doit avoir du temps pour elle-même, du temps pour son mari (son couple), du temps pour chaque enfant et du temps pour accomplir des choses professionnelles et sociales». Crédo d’une femme qui sait se donner pour les autres.

Et voici le 8-Mars autrement

Le mouvement, «Le 8-Mars autrement», est parti du constat que cette journée dédiée à la lutte des femmes pour leurs droits, dont ceux du salaire égal à diplôme égal, à la vie, etc., a été détournée pour en faire une journée de beuverie pour beaucoup, de débauche pour certaines et de flemmardise simplement pour d’autres. «Nous avons perdu le sens même de cette lutte», regrette Rita Sawadogo.

Elle se souvient encore des années 1984 et 1985, où le 8-Mars se commémorait sous forme de semaine dédiée à la femme, meublée de réflexions sérieuses menées par des femmes de toutes les provinces et couches sociales confondues, dans le but d’améliorer leurs conditions de vie et de travail. Les fruits de ces brainstormings étaient mis en commun à Ouagadougou avant d’être transmis ensuite au président du Faso à travers une rencontre organisée à cet effet. Au cours de ce rassemblement, les femmes pouvaient s’exprimer librement. Et c’est une fois les doléances validées que le soir elles se retrouvaient pour s’égayer. C’est d’ailleurs ce processus qui a permis aux femmes d’obtenir que le 8-Mars porte le sceau de jour chômé et payé pour permettre aux femmes de pouvoir se rencontrer sans contrainte de travail, autour de la réflexion sur leurs droits et conditions de vie. Cette brève historique a permis à Rita Sawadogo d’affirmer haut et fort que le 8-Mars n’était pas du tout une journée de fête.

«Je n’ai rien contre les réjouissances», affirme toutefois celle qui apprécie bien le fait que c’est le jour où certains hommes qui n’avaient pas l’habitude de cuisiner par exemple, décident de prendre le relais pour laisser leur femme souffler. Elle n’a rien non plus contre le pagne uniforme du 8-Mars, tant que cela peut symboliser l’union et l’unité dans la lutte. «Mais ce pour quoi je suis pas du tout pour, ce sont les femmes qui se retrouvent dans les maquis et les hôtels et sont ensuite battues et chassées de leurs foyers après», s’insurge Mme Sawadogo. Pour elle, «c’est ce qui enlève tout le sens de cette journée qui doit rappeler la lutte dans laquelle des femme ont tout perdu pour que nous ayons des droits aujourd’hui et vivons assez libres».

Le mouvement, «Le 8-Mars autrement» qui a vu le jour cette année, a, au regard de la situation sécuritaire du pays, permis une collecte de dons de toutes natures au profit de la masse de déplacés internes qui compte majoritairement des femmes et des enfants livrés à eux-mêmes. Alors que, pour Mme Sawadogo, «nous pouvons tous nous retrouver dans cette situation. Ces gens ne méritent en rien ce qui leur arrive. Nous sommes dans une guerre. Nous sommes attaqués par une pieuvre dont on coupe un bras pendant qu’un autre pousse aussitôt». Ainsi est né «Le 8 Mars autrement» cette année, pour soulager des populations dans la détresse et ramener les femmes à la réflexion sur des choses bien plus utiles, pense Rita Sawadogo qui ne manque pas de dire, à l’occasion, toute sa reconnaissance aux personnes qui ont fait des dons, et celles qui ont procédé au travail de tri. «Mais nous continuons de recevoir les dons dans des sites de collectes implantés à Bobo Dioulasso, Banfora, Ouahigouya, Koudougou, et Ouagadougou», a-t-elle mentionné, en précisant qu’une date sera très prochainement annoncée pour la remise des fruits des collectes. «Mais en attendant vous pouvez toujours faire des dons», a rappelle Mme Sawadogo à l’endroit des potentiels bienfaiteurs.

Par Samira NIKIEMA

Source Wakatsera

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